‘Maman, pourquoi dois-tu toujours travailler autant? Pourquoi tu passes autant de temps dans ton bureau?' C'est ce que ma fille m’a sorti il y a peu, et mon cœur a raté un battement. J’ai été envahie par un sentiment de culpabilité énorme, alors que je plongeais dans ses grands yeux bruns.
Le récit de la journée
Bon, je vais commencer par exposer la situation: je suis maman, et je travaille à la maison. Je suis une indépendante qui travaille beaucoup, comme beaucoup d’autres. Mais, en même temps, je suis toujours disponible en cas de problème, pour aller les chercher à l’école et pour les mettre au lit. Mes filles me voient donc beaucoup. Je sais qu’il y a des parents qui ne savent pas mettre leur enfant au lit, et que ce n’est pas faute de le vouloir.
J’essaie aussi de toujours écouter ce qu'elles ont à me dire quand elles rentrent de l’école, même si l'une a beaucoup plus de choses à dire que l’autre.
La petite dernière s’exprime en général par ordres... 'Je veux un biscuit, je veux regarder la télé, j’ai soif, je veux de l’eau...'
Mais la plus grande, c’est une autre paire de manches. Les discussions sont parfois très sérieuses, elles m’amènent à me remettre en question, me font réfléchir à de petites ou grandes choses. Bon ce n’est pas toujours aussi sérieux, elle me parle parfois aussi de comment s’est passée sa journée à l’école. 'C’était une mauvaise journée'. Un autre enfant lui a fait mal. Autre possibilité: 'C’était une chouette journée!' Les bonnes journées sont en général en lien avec sa meilleure amie, qui aura beaucoup joué avec elle. Ou alors elle me parle de ses déboires amoureux avec G. Aujourd'hui, c’est fini. 'Pff, je veux me marier avec quelqu'un d'autre, maman'. 'Pas tout de suite, hein, poussin'. 'Non, non. Mais bon. Je ne suis plus amoureuse de G'.
La vérité en pleine face
Mais parfois, elle me dit des choses plus profondes. Comme récemment...
C’était un mercredi après-midi, elle était à la maison, comme son papa et sa sœur. Un luxe, me direz-vous, car l’enfant a tout le monde autour de lui. Et pourtant, cela ne suffisait pas. Elle avait besoin de sa maman, qui travaillait dans son bureau.
Et là, vous êtes baba. Juste quand vous vous dites: 'J’ai bien goupillé ma journée, papa est là et je peux travailler', la vérité vous arrive en pleine face. Et ça fait mal, je l’avoue. Une minute plus tard, j’ai vu qu’elle allait mieux. Le fait d’avoir pu me dire ce qu’elle ressentait et qu’elle ait eu toute mon attention lui suffisait. Et le fait que j’ai pu la consoler m’a aidée à apaiser ce sentiment de culpabilité. Après, nous avons joué. Et je n’ai plus travaillé. Et comme tous les soirs, je lui ai lu une histoire.
C’est ce qu'il y a de plus décoiffant à être maman: le fait d’être indispensable. Et c’est tellement beau, aussi. Mais nom d’un chien, ce n’est pas toujours facile de bien faire...